Dans un monde où les objets connectés se
multiplient de manière exponentielle et où, pour l’heure, la cybersécurité
n’est pas toujours intégrée dès la conception de ces objets, l’initiative de
l’ETSI (European Telecommunications Standard Institute) de publier des
spécifications techniques de base pour l’IoT est une véritable avancée.
Cependant, pour certains objets connectés pouvant
être utilisés dans des applications nécessitant un plus grand niveau d’assurance,
il est impératif de compléter ces règles minimales par des procédures plus
robustes en termes d’exigences de cybersécurité. Des travaux sont en cours par
les entreprises de la filière cybersécurité, au sein de l’Alliance pour la
Confiance Numérique en France et d’Eurosmart en Europe, pour définir des
spécifications et les tests associés permettant d’attester d’un niveau
d’assurance plus élevé pour les objets connectés.
L’ACN
salue la récente publication des
spécifications
techniques ETSI 103 645
relatives à la cybersécurité dans l’internet des objets. Ces
spécifications concernent la sécurité d’objets de
consommation connectés à une infrastructure de réseau, telle
qu’internet ou un réseau domestique. Elles englobent un
large panel d’objets connectés, des jouets pour enfants, aux
enceintes intelligentes, en passant par les détecteurs de
fumée (liste non exhaustive). Cette publication répond à un
besoin croissant de cybersécurité dans un secteur IoT en
pleine expansion mais encore peu préparé aux cyber-risques.
« Ces spécifications effectuent un bon recensement des
règles de cybersécurité minimales que tout concepteur
d’IoT devrait suivre dans un monde où la cybermenace se
fait toujours plus présente. En effet, les objets
connectés, du fait de leur grand nombre et de leur
sécurisation quasi inexistante sont non seulement des
cibles potentielles mais aussi des vecteurs permettant
notamment des cyberattaques de type DDoS (Déni de Service
Distribué). Ces règles d’hygiène, si elles sont largement
appliquées, rendraient ce type d’attaques plus difficiles
et plus coûteuses à réaliser » se félicite Jean-Pierre
Quémard, Président de l’ACN.
Les
spécifications ETSI 103 645 condamnent l’utilisation de mots
de passe universels par défaut et préconisent la mise en
place d’une politique de divulgation coordonnée de
vulnérabilités. De multiples dispositions sont consacrées
aux mises à jour des logiciels, qui doivent être aussi
régulières que nécessaire.
« Toutes ces dispositions relèvent de l’hygiène
informatique que tout objet intégrant de la connectivité
doit suivre à minima. Ces principes de base sont bien sûr
nécessaires et leur application généralisée réduirait
considérablement les expositions aux risques, pour autant,
elles doivent être comprises comme un premier pas vers une
véritable logique de cybersécurisation », souligne
Jean-Pierre Quémard.
L’ACN
accueille également favorablement l’inclusion d’un article
sur la protection des données. Ces spécifications sont ainsi
susceptibles d’aider les fabricants à offrir des produits
IoT conformes au Règlement général sur la protection des
données (RGPD). En effet, cybersécurité et protection des
données personnelles vont de pair et doivent être intégrées
dès la conception des produits.
Ces
nouvelles spécifications s’inscrivent dans un contexte de
prise de conscience de l’augmentation exponentielle des
cyber-risque, qui a notamment conduit à la proposition de Cybersecurity
Act au niveau européen. Le
Cybersecurity Act, en cours d’adoption, prévoit la
création d’un cadre européen de certification de
cybersécurité et définit trois niveaux d’assurance assortis
d’exigences différentes : élémentaire, substantiel, élevé.
L’ACN souligne que les futurs schémas de certification
devront faire référence aux normes et spécifications
techniques existantes afin d’être en adéquation avec le
marché. Le travail réalisé par les organisations de
normalisation, notamment ETSI TC Cybersecurity et
CEN-CENELEC JTC13, devrait fortement inspirer la
certification européenne.
Néanmoins,
l’ACN tient à souligner que les spécifications proposées par
l’ETSI n’apportent une réponse que pour le niveau
d’assurance basique, au sens du projet de règlement
européen, et ne sauraient être suffisantes pour les niveaux
substantiel ou élevé. En effet, de nombreuses dispositions
de ces spécifications ne sont pas des exigences
obligatoires, notamment celles relatives à la mise à jour
des logiciels et celles liées à la divulgation de
vulnérabilités. L’ACN note également que le chiffrement des
données est simplement recommandée, et seulement pour les
données sensibles. En outre, ces spécifications n’incluent
pas de tests de cyberattaque, tels les tests de
pénétration, seuls à mêmes de garantir un réel niveau de
sécurité correspondant aux niveaux substantiel ou élevé.
Un
travail complémentaire doit donc être désormais entrepris
pour tous les objets connectés qui nécessiteront un niveau
d’assurance plus élevé et avec une procédure plus robuste de
certification. C’est le cas par exemple des systèmes
d’alarme et des enceintes intelligentes sur lesquelles une
cyberattaque pourrait avoir un impact conséquent en termes
de sûreté, sécurité et de respect de la vie privée.
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A PROPOS
L'Alliance pour la Confiance Numérique (ACN) est une association qui représente
les entreprises du secteur de la confiance numérique, notamment celles
de la cybersécurité. AMOSSYS est membre de l'ACN depuis 2013.
Communiqué de presse de l'Alliance pour la Confiance Numérique (ACN) du 27/02/2019